Le régime totalitaire stalinien


Mes sources en bas de l'article..........



Cours pour troisième et nouveau programme de terminale générale.

Mise au point sur la notion de totalitarisme par l'historien Nicolas Werth ou dans l'article de Laurent Wirth (niveau première)
Des extraits ici du livre sous la direction de Henry Rousso "Stalinisme et nazisme. Histoire et mémoire comparées" articles de Philippe Burrin et Nicolas Werth et d'autres.

«Les sociétés totalitaires sont fondamentalement comparables, et elles sont chacune historiquement uniques; pourquoi elles sont ce qu’elles sont, nous ne le savons pas», écrit Carl Friedrich, l’un des principaux théoriciens du totalitarisme, en 1954



L'Europe: un théâtre majeur des guerres totales  (1914-1945)

I.Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale: vers une guerre totale.1914-1918.

II. Démocraties fragilisées et expériences totalitaires dans l'Europe de l'entre-deux-guerres. 1918-1939.

Pourquoi la démocratie a été si difficile à maintenir?
Comment l'individu a-t-il fait face à la montée de la dictature et du totalitarisme?


A. La Russie (URSS en 22) : de Lénine au régime totalitaire stalinien.



1) Lénine met en place un nouveau régime à partir d' octobre 1917

Que veulent les Russes?


Appel du Soviet de Pétrograd le 27 février 1917


Lancé le jour même de la création du soviet des ouvriers et des soldats, il est publié le 15 mars 1917 dans l’organe du Soviet, les lsvestija.


"L’ancien régime a conduit le pays à la ruine et la population à la famine. Il était impossible de la supporter plus longtemps et les habitants de Pétrograd sont sortis dans les rues pour dire leur mécontentement. Ils ont été reçus à coups de fusil. Au lieu de pain, ils ont reçu du plomb, les ministres du Tsar leur ont donné du plomb.

Mais les soldats n’ont pas voulu agir contre le peuple et ils se sont tournés contre le gouvernement. Ensemble, ils ont saisi les arsenaux, les fusils et d’importants organes du pouvoir.

Le combat continue et doit être mené à sa fin. Le vieux pouvoir doit être vaincu pour laisser sa place à un gouvernement populaire. Il y va du salut de la Russie.

Afin de gagner ce combat pour la démocratie, le peuple doit créer ses propres organes de gouvernement. Hier, le 27 février, s’est formé un soviet de députés ouvriers composé de représentants des usines, des ateliers, des partis et organisations démocratiques et socialistes. Le Soviet, installé à la douma s’est fixé comme tâche essentielle d’organiser les forces populaires et de combattre pour la consolidation de la liberté politique et du gouvernement populaire.

Le Soviet a nommé des commissaires pour établir l’autorité populaire dans les quartiers de la capitale. Nous invitons la population tout entière à se rallier immédiatement au Soviet, à organiser des comités locaux dans les quartiers et à prendre entre ses mains la conduite des affaires locales.

Tous ensemble, avec nos forces unies, nous vaincrons pour balayer complètement le vieux gouvernement et pour réunir une Assemblée constituante sur la base du suffrage universel, égal, secret et direct."

FERRO, Marc, La révolution russe de 1917, Paris, Flammarion, éd. 1967, p. 96.





Le camarade Lénine nettoie la Terre de la saleté, Mikhail Tcheremnikh, Victor Deni, Affiche, 1920


Les grands décrets pris par Lénine (extraits)


La terre
"La grande propriété foncière est abolie immédiatement, sans aucune indemnité.Les domaines des propriétaires, fonciers, de même que toutes les terres des apanages, des couvents, de l’Église, avec tout leur cheptel mort et vif, leurs bâtiment et leurs dépendances, passent à la disposition des comités agraires de cantons et des Soviets des députés paysans de district, jusqu’à que la question soit réglée par l’Assemblée constituante.Toute dégradation des biens confisqués, qui appartiennent dorénavant au peuple tout entier, est proclamée crime grave, punissable par le tribunal révolutionnaire. Les terres des simples paysans et des simples paysans ne sont pas confisquées.26 oct. /8 nov. 1917 "Cité dans REED, John, "Dix jours qui ébranlèrent le monde", Ed. Sociales, 1958




Fileuse dans une usine de Nouvelle-Angleterre, 1913 ©Lewis Hine/Collection George Eastman House, Rochester


Les photographies de Lewis Hine qui dénoncent la misère ouvrière.

Les conditions de travail sont rudes, les accidents nombreux, un des plus terrible a eu lieu à Courrières en 1906 😔😔

Aujourd'hui:

Travailler chez Epic games c'est pas la joie! Idem chez Amazon! Dans l'agro-industrie italienne c'est carrément de l'esclavage dit "moderne", chez Uber on exploite les migrants.

La liste des entreprises du textile qui font travailler les prisonniers Ouïghours et Kazhaks des camps de "rééducation" , par le collectif "Ethique sur l'étiquette".





La famille des Romanov a été assassinée mais on continue d'analyser les cadavres





Et elle ???





Les  camps des îles Solovki où sont enfermés des opposants dont des  communistes et anarchistes. Comme les partisans de l'anarchiste Nestor Makhno qui lui est enterré au cimetière du père Lachaise.

Carte de la révolte de Tambov:


 

La série documentaire de Rotman





" Camarades, le soulèvement koulak dans vos cinq districts doit être écrasé sans pitié. Les intérêts de la révolution tout entière l’exigent, car partout la lutte finale avec les koulaks est désormais engagée.   Il faut 1°) Pendre ( et je dis pendre de façon que les gens le voient ) pas moins de cent   koulaks, richards, vampires connus. 2°) Publier leurs noms. 3°) S’emparer de tout leur grain. 4°) Identifier les otages comme nous l’avons indiqué dans notre télégramme hier. Faites cela de façon qu’à des centaines de verstes à la ronde, le peuple voie, tremble, sache et s’écrie : ils étranglent et continueront d’étrangler les koulaks-vampires. Télégraphiez que vous avez reçu et mis à exécution ces instructions. Votre Lénine.


Extrait du site web de l'Académie de sciences morales et politiques


Un des grands historiens du sujet sur la polémique au sujet de  la violence du régime, la faute à Lénine ou à Staline?: 


Si vous vous demandez pourquoi une telle brutalité?


Voir aussi  l'article ici sur les travaux de George Mosse  qui ont fait date en cliquant  

ICI



"Très rapidement, une opposition est apparue entre les attentes des ouvriers qui espéraient un vrai contrôle ouvrier sur la production; opposition aussi entre les paysans qui avaient pris les terres et la mise en place des détachements de réquisition: les bolcheviks deviennent alors pour eux les communistes qui prennent le grain, le blé... Il y a donc assez rapidement un véritable conflit qui surgit entre les bolcheviks et une grande partie de la population - qu'elle soit urbaine ou paysanne -, et qui s'exacerbe tout au long de l'année 1918." Nicolas Werth




2) Le tournant des années trente sous Staline:la collectivisation et la grande terreur.

Quelles sont les grandes caractéristiques du régime stalinien? Est-ce un régime totalitaire?


a. Le choc de la collectivisation de 1929: une guerre contre les paysans

Qui est Staline


La constitution de 1936


Le problème des Russes est celui des Brésiliens aujourd'hui






                                                            Définition de Kolkhoze 



La propagande de l'époque avec force affiches et films d'Eisenstein.

Les kommulnalkas:





Les rumeurs de l'époque et pas des Fake news 😒:

"Les vieux de plus de soixante ans ne seront plus nourris"
"Les kolkhoziens seront mobilisés en première ligne lors de la prochaine guerre contre les puissances capitalistes"
"Les communistes rassembleront tous les pyasans pauvres,qui seront désormais les rois,ils leur apporteront de la nourriture, tandis que les autres paysans   travailleront sous le fouet d'un communiste"


Résistance à la collectivisation :


        "Chaque nuit, Grémiatchi-Log abattait son bétail. Dès le soir tombé, une brebis, on ne sait où, poussait un bêlement, étouffé aussitôt, un cri de cochon à l'agonie trouait le silence, un veau beuglait. (...) Tout le monde abattait, ceux qui venaient de s'inscrire au kolkhoze comme ceux qui exploitaient à leur compte. Et l'on abattait tout, boeufs, moutons, porcs, même les vaches et jusqu'aux bêtes gardées pour la reproduction, en deux nuits, le cheptel bovin se retrouva réduit de moitié. Dans les rues, les chiens traînaient boyaux et abats. Celliers et hangars regorgeaient de viande. Au bout de quarante heures, la coopération avait écoulé le stock de sel qui y moisissait depuis un an et demi : quelque trois tonnes. Il courait des bruits sinistres : "Faut abattre: c'est plus à nous! " "Abattre vite: on va tout nous confisquer pour les stocks!' "Dépêche-toi d'abattre : au kolkhoze, tu ne boufferas plus de viande ! Et l'on abattait.On s'empiffrait. Petits et grands, tous avaient mal au ventre. Au dîner, dans les isbas, les tables ployaient sous le rôti et le bouilli, les mentons dégoulinaient de graisse, chacun rotait comme à un festin d'enterrement, et d'ivresse de la ripaille embuait tous les yeux" Extrait de CHOLOKHOV, Mikhail, "Terres défrichées", Paris, Gallimard, 1964.




Témoignage de Katia, petite ukrainienne de 10 ans.

«Mon père ne voulait pas faire partie du kolkhoze ; alors il venait chez nous des gens de toutes sortes qui discutaient avec lui et qui l’emmenaient pour le battre, mais il ne voulait toujours pas [...]. Nous avions un cheval, une vache, une petite génisse, cinq moutons, quelques cochons et une grange ; et c’est tout. Tous les soirs, le policier venait et il emmenait papa au Soviet du village. On lui demandait du grain et on ne voulait pas le croire qu’il n’en avait plus. Pourtant c’était la vérité [...]. Pendant une semaine entière, on empêcha papa de dormir et on le battit sur tout le corps avec des bâtons et des revolvers [...]. Et puis un matin, il y a un peu près un an, des étrangers sont arrivés à la maison. Il y en avait un qui venait de la Guépéou (police politique ancêtre du KGB); le président de notre Soviet était avec lui [...]. Et puis il est venu des voitures et on a emporté toutes nos affaires et les bêtes qui nous restaient ont été emmenées au kolkhoze. On nous a mis dans l’église du village. Il y avait là beaucoup d’autres gens de chez nous, avec leurs enfants ; ils avaient tous des paquets et tous pleuraient [...]. Au matin, on nous fit sortir de l’église avec une trentaine d’autres familles et on nous fit mettre en route, escortés par des miliciens [...]. Quand notre wagon fut plein, tellement plein qu’il n’y avait plus de place pour personne, même debout, on le ferma à clef de l’extérieur. Alors tout le monde se mit à crier et à prier la Sainte Vierge. "


Katia et ses parents sont conduits avec d’autres familles à la gare. «On nous fit monter dans des wagons à bestiaux. Puis le train démarra. Personne ne savait  où nous allions. Il y en avait qui disait que c’était en Sibérie, d’autres que c’était dans le Grand Nord.» 

Récit d’une petite ukrainienne de 10 ans, Témoignage cité par V.A. Kravchenko, J’ai choisi la liberté !, Éditions Self, Paris 1947.


Une définition de GOULAG = ensemble des camps de concentrations, prisons ou sont internés des personnes mais aussi des colonies de peuplement où sont assignés à résidence des déportés.


Holodomor=extermination par la faim en ukrainien

 

Le spLe sport à l'époque !!  

       Grande parade de la jeunesse soviétique sur la place rouge 

à Moscou en 1935

 




b. La grande terreur 1937-1938

Soljenitsyne en 1937 :"Comment aurions-nous eu connaissance des arrestations et pourquoi y aurions-nous pensé? On avait bien coffré deux ou trois parents d’élèves, mais ce n'était pas avec eux que nous allions au bal. Nous avions vingt ans; nous marchions dans les rangs de la jeunesse née en même temps qu' Octobre et , à ce titre, c'est l'avenir le plus radieux qui nous attendait"  



LA GRANDE TERREUR DE 1937-38


Les ORDRES



NICOLAS WERTH RACONTE




Eléments du dossier N° 24260Nom : Sidorov
Prénom : Vassili Klementovitch
Lieu et date de naissance : Setchevo, région de Moscou, 1893
Profession : employé dans une coopérative
Origine sociale : je me considère comme fils de paysan moyen
Passé politique : sans-parti
Appartenance au Parti Communiste 
Russe : non
Arrêté le 13 février 1938

Acte d'accusation (extraits)Sidorov, malintentionné envers le pouvoir en général et le parti en particulier, menait systématiquement une propagande anti-soviétique, disant : "Staline et sa bande ne veulent pas quitter le pouvoir, Staline a tué des tas de gens, mais il ne veut pas s'en aller. Les bolcheviks gardent le pouvoir, arrêtent les gens honnêtes, et même de ceci on ne peut pas parler, sinon on vous met en camp pour vingt-cinq ans."
Le prévenu Sidorov a plaidé non coupable, mais a été démasqué par plusieurs témoignages.

La décision, 16 juillet 1938 (extraits)Accusé d'avoir mené, parmi les kolkhoziens, une propagande contre-révolutionnaire, caractérisée par des propos défaitistes, accompagnée de menaces contre les communistes, de critiques contre la politique du Parti et du gouvernement.
Verdict : FUSILLER Sidorov Vassili Klementovitch, confisquer tous ses biens.
La sentence a été exécutée le 3 août 1938.

D'après Stéphane Courtois et Nicolas Werth


Ordre « secret » de lancement de l’opération koulak, le 2 juillet 1937, signé par Staline. Considéré comme le début des « opérations de masse » à l’origine de la Grande Terreur de 1937-8. Koulak = paysan considéré comme aisé ou opposant à la collectivisation de 29.
« Il est remarqué qu’une grande partie des ex-koulaks et criminels, exilés dans les régions du Nord et de la Sibérie, et rentrés par la suite, à l’issue de leur peine, chez eux, sont les principaux instigateurs des crimes antisoviétiques aussi bien dans les kolkhozes que dans les usines. Le Comité central propose à tous les secrétaires régionaux et républicains du Parti, ainsi qu’à tous les responsables régionaux du NKVD (= police politique) de ficher tous les koulaks et criminels retournés chez eux afin que les plus hostiles d’entre eux puissent être immédiatement arrêtés et fusillés à l’issue d’une procédure administrative simplifiée, les autres moins actifs, mais néanmoins hostiles, étant exilés dans des régions éloignées du pays sur l’ordre du NKVD.
Le Comité central vous invite, dans un délai de cinq jours, à lui proposer le nombre d’éléments à fusiller ainsi que le nombre d’éléments à exiler. Le Secrétaire du Comité central, J. Staline. »
Cité dans Nicolas Werth, L’ivrogne et la marchande de fleurs, Tallandier, Paris, 2009, p.75.




Le 11 août 1937, Nikolaï Iejov , chef du NKVD, envoie à tous les dirigeants régionaux et républicains du NKVD une directive visant cette fois des « contingents nationaux », l’ordre 00485, destiné à mettre en œuvre la « liquidation totale des réseaux d’espions et de terroristes de l’Organisation militaire polonaise, infiltrés dans l’industrie, les transports et l’agriculture.


« Ordre opérationnel du NKVD n°00485, 11 août 1937.
La lettre secrète jointe au présent ordre opérationnel sur les activités fascistes, défaitistes, terroristes, de sabotage et d’espionnage menées par le renseignement polonais en URSS, ainsi que les matériaux d’instruction sur l’Organisation militaire polonaise révèlent l’étendue des actions menées presque impunément et depuis de longues années par le réseau polonais sur le territoire de l’URSS.[...] De nombreux contingents d’espions et de saboteurs polonais ont même échappé à tout fichage. En Sibérie occidentale, seuls 1000 des 5000 émigrés ont été dûment fichés. 

En conséquence de quoi, j’ordonne :
1 – de commencer, à partir du 20 août 1937, une grande opération visant à liquider entièrement toutes les cellules et organisations locales de l’Organisation militaire polonaise dans les domaines de l’industrie, du transport et de l’agriculture. L’opération devra être achevée dans un délai de trois mois, soit le 20 novembre 1937.
2 – devront être immédiatement arrêtés :
les membres actifs de l’Organisation militaire polonaise démasqués par l’instruction, mais pas encore trouvés ; 
tous les prisonniers de guerre de l’armée polonaise restés en URSS ;
tous les émigrés polonais en URSS ;
tous les émigrés politiques polonais en URSS ;
tous les anciens membres du Parti socialiste polonais et des anciens partis politiques polonais antisoviétiques ;
les plus actifs des éléments antisoviétiques et nationalistes des districts polonais de l’URSS.
Cité dans Nicolas Werth, L’ivrogne et la marchande de fleurs, Tallandier, Paris, 2009, pp. 129-132.


  • Le gérant d’un club rural part avec son gardien acheter un buste du camarade Staline.Achat effectué. Le buste est un machin lourd et encombrant, il faudrait pouvoir le placer sur un brancard et le porter à deux. Le vieux gardien met un temps fou à s'organiser. Ilprend le buste sous le bras: pas le bras assez long. Le porter devant soi: ça vous fait mal dans le dos, on est forcé de se rejeter en arrière.Le gardien passe sa ceinture autour du cou de la statue de Staline et la porte comme ça dans le village. Pas de discussion, le cas est clair. Article 58.8, terrorisme 10 ans. Extraits de A.Soljenitsyne L'archipel du Goulag 




 c. Un régime totalitaire

Une dictature

Un seul parti (PC), pas d'élections multipartis, suppression des libertés individuelles (censure, arrestations arbitraires), police politique (NKVD)

+

Une répression féroce


BILAN DE LA REPRESSION STALINIENNE ICI.

et ENCORE LA


LE GOULAG et aussi ci-dessous:












https://ihtp.hypotheses.org/255




ICI 




Les enfants 

et les archives sonores des enfants du 

GOULAG

Conseiller scientifique : Marta Craveri, directrice scientifique adjointe à la FMSH et chercheur au CERCEC. Marta Craveri et Anne Marie Losonczy: "Enfants du Goulag", leur dernière publication.
Des témoignages de gamins déportés ici 

En images ici au Kazakhsthan

ou là 



😔

Dans le camp de la Kolyma 



Le dernier survivant de la Kolyma , Pavel Galitsky est décédé il y a quelques années.

Plan de la Kolyma, dans Histoire du Goulag


Blague soviétique "un groupe de lapins se présentent à la frontière entre la Pologne et l'URSS. Quand on leur demande pourquoi ils veulent quitter l'URSS ils répondent que la police politique a ordonné l'arrestation de tous les chameaux. "Mais vous n'êtes pas des chameaux ! ", ce à quoi les lapins répondent "Allez expliquer ça au NKVD".


Témoignage d'un syndicaliste anglais
« Pourquoi sont-ils [ces jeunes kolkhoziens] si enthousiastes ? me demandai-je. Ils sont pauvrement vêtus. Ils ne sont même pas bien nourris. Tous ont l'air affamés… Se croient-ils vraiment les maîtres de ce pays ? S'imaginent-ils vraiment que quelque chose les attend, tout près, qui vaille la peine ? Je songe à la méthode communiste : s'emparer des enfants dès la crèche, les suivre dans les jardins d'enfants puis à l'école, les enrôler ensuite dans les Pionniers et les jeunes komsomols. Toujours les tenir en main par une propagande incessante ! La propagande ! La propagande ! Du matin au soir. Par la TSF, le film, l'image, l'affiche, le manuel, elle les poursuit partout. »
Walter Citrine, À la recherche de la vérité en Russie, 1937



La grande terreur des années 1937/1938 fut le moment le plus terrible de la répression stalinienne , elle a envoyé 800 000 personnes dans les camps du Goulag, 700 000 furent exécutées. Toute cette opération fut secrète.

Qui sont les victimes: les paysans qui refusent la collectivisation ou qui sont considérés comme riches=koulaks (2 millions avaient déjà été arrêtés en 1929 lors de la collectivisation), beaucoup de non-russes jugés nationalistes (polonais, ukrainiens) qui habitent aux frontières ou ceux qui critiquent Staline. La période est tendue ...la guerre approche , on se méfie de tous!

Le régime est donc une dictature très répressive.



Le NKVD n’a rencontré, en 1937-1938, qu’une résistance sporadique aux arrestations : malgré son rythme effréné – plus de 100 000 personnes appréhendées lors des dix premiers jours de l’« opération “koulak” », du 5 au 15 août 1937 ! –, la Grande Terreur n’est pas perturbée par les émeutes et les révoltes qui avaient marqué le « Grand Tournant » au tout début des années 1930.





EXTRAIT ICI

Pour aller plus loin: Jacques Rossi un français au Goulag

Son histoire

Il a cru à l'utopie communiste et a passé dans les 20 ans de prison au Goulag ou en relégation!! Il est génial , il y a cru mais il  est très auto-critique. Son interview quand il est revenu en France

Il n'avait plus rien ni argent ni famille, des amis se sont cotisés pour qu'il puisse vivre correctement mais toujours il a cherché à savoir pourquoi il avait cru à cette utopie aussi longtemps.










Ses dessins du Goulag


+



Embrigadement / Contrôle de la population dans sa vie sociale voire privée/ culte de la personnalité
La jeunesse comme cible:



Les pionniers

 














Staline a inventé photoshop !!

Arrêté en 1939 et condamné à mort en 1940, Nikolaï Iejov, chef du NKVD, celui qui a dirigé la grande terreur est éliminé à son tour, il figurait également sur la photo. Suite à sa condamnation, il devait disparaître des documents officiels.
Le régime totalitaire vu par Werner Heldt



Adhésion et révoltes
 Svetlana Alexievitch prix nobel de littérature 2015, biélorusse


"Elena Iourevna connaît ce que fut la répression car elle avait été nommée présidente de la commission régionale pour la réhabilitation des victimes des répressions politiques:
 «Je passais des nuits entières à lire d’énormes dossiers. Honnêtement, très honnêtement… J’en avais les cheveux qui se dressaient sur le tête.» Pourtant, Elena Iourevna est restée communiste. Elle est de ceux qui déplorent la chute de la maison URSS.Le raisonnement d’Elena est le suivant : d’accord, il y avait «les camps, la délation et le rideau de fer», mais il régnait un ordre plus juste et respectueux des «petites gens». Pas d’enfants à la rue, pas de personnes âgées mendiant le minimum vital que leur retraite ne leur garantit plus, et la même grisaille pour tout le monde : c’est ce que dit, en chœur, «l’homo sovieticus» dont Svetlana Alexievitch veut léguer aux générations futures la civilisation, les mœurs, la foi, la grandeur tragique. «On me dit qu’on ne pouvait pas s’acheter de voiture. Mais personne n’en avait !» dit Elena Iourevna" Extrait de plusieurs de ses livres sur l'homo soviéticus

Mes sources 



  • La vie quotidienne des paysans russes de la Révolution à la collectivisation (1917-1939), Nicolas Werth (1984). 

  • La révolution russe de 1917, Marc Ferro, Flammarion, 2002

  • La Terreur et le désarroi : Staline et son système (2007), Nicolas Werth son dernier livre avec Luba Jurgensen Le Goulag, témoignages et archives, Bouquins, Robert Laffont, 2017. 

  • Quelle était belle cette utopie, chroniques du goulag, Jacques Rossi, le cherche midi éditeur, 2000

  • Le manuel du goulag, Jacques Rossi, le cherche midi éditeur.

  • Une journée d'Ivan Denissovitch, Alexandre Soljenitsyne, 1962, Novy mir. 

  • Le Maître et Marguerite, Mikhaïl Boulgakov, 2018, Robert  Laffont.

  • Le seul livre qui a été arrêté ! Un monument , Vie et destin de Vassili Grossman, il y raconte la bataille de Stalingrad et livre une description radicale du système stalinien d'avant-guerre. Le livre de poche. 2018. LE MANUSCRIT SAUVE DU KGB 😎😎 

  • Le stalinisme au quotidien, Sheila Fitzpatrick, 2002, Flammarion

  • Enfants du Goulag, Marta Craveri Anne Marie Losonczy, Contemporaines, Belin, 2017

  • Kommunalka, Paola Messana, 1995,JC Lattès

  • Les Déportations en héritage, sous la direction d'Aurélie Campana, Grégory Dufaud et Sophie Tournon, 2009, Presses universitaires de Rennes.